Actualités

Discours de la cérémonie de 8 mai 1945

“ Voici 80 ans prenait fin l’une des guerres les plus meurtrières dans les rangs militaires comme chez les civils. 60 millions de morts dans un conflit unique par l’ampleur de sa violence dont il faudrait à tout prix tirer les enseignements. Et pourtant…
Souvenons-nous. En 1933, Adolf Hitler arrive au pouvoir en exploitant l’idée que le chômage et la pauvreté en Allemagne sont de la faute des pays étrangers et des juifs. Il met en place une politique agressive pour contrôler d’autres territoires européens. En 1938, il annexe l’Autriche, puis la Pologne en 1939. L’objectif est d’étendre coûte que coûte le territoire allemand.
Ceci nous renvoie évidemment aux agissements du gouvernement russe. Et l’on peut se demander si les millions de vies sacrifiées lors de la seconde guerre mondiale ont appris quelque chose à quiconque.
Ces millions de vies arrachées, ces combats inhumains que nous commémorons chaque année en ce 8 mai, ce sont les vies de soldats du monde entier et nous ne rendrons jamais assez hommage à ces hommes dont le courage fut déterminant pour l’avenir de notre monde.
Et puis, il y a aussi ces civils hommes et femmes, ces victimes juives (dont de nombreux enfants), homosexuelles, tziganes ; Ces résistants, ces combattants sont tous des artisans de cette victoire.
Si les soldats combattaient sur les différents fronts, les résistants, eux, s’organisaient à la suite de l’appel du général de Gaulle pour résister à la tyrannie de l’ennemi et venir en aide à leurs compatriotes : imprimer ou distribuer des journaux clandestins, héberger des aviateurs anglais, aider à passer la ligne de démarcation, saboter du matériel allemand, et tant d’autres innombrables actions encore. Ils forment des maquis, véritables armées clandestines. En vivant cachés et sous un pseudonyme, tel Jean-Moulin qui se faisait appeler Max, ils ont contribué eux aussi à la victoire.
Que dire de ceux qui, nommés plus tard, Les Justes, ont permis à des milliers de juifs de s’enfuir, les ont protégés contre la furie exterminatrice des nazis ? Rien de plus qu’un MERCI pour tant de courage, de respect de l’autre.
En France on estime à 200 000 le nombre de résistants actifs entre 1940 et 1944. 60 000 d’entre eux mourront lors de combats, en déportation, ou exécutés.
Soldats et civils français de métropole ou d’outre-mer, de l’empire comme on disait alors ont donc mené ensemble un combat sans merci contre tous ceux qui voulaient bafouer la liberté, la démocratie, au profit de l’antisémitisme, du racisme, des dictatures. Unis comme un seul homme sous ce drapeau français qui nous est cher, qui représente toute notre histoire commune et que nul ne peut s’approprier à des seules fins électoralistes et populistes.
En mai 1945, la paix est rétablie. Mais le pays reste dévasté, en proie à toutes les souffrances. Les plaies sont béantes, c’est la découverte de l’horreur des camps, le retour des prisonniers, déportés et travailleurs forcés. Les survivants ont du mal à raconter l’horreur qu’ils ont vécu. Il faut reconstruire le pays… et les âmes aussi.
Voilà ce qu’est une guerre, voilà ce que toujours nous devons avoir présent à l’esprit et ce que nous devons transmettre.
Ces dernières années, ces derniers mois, ces dernières semaines nous rappellent que face à la progression intolérable du racisme, de l’antisémitisme et du communautarisme dans notre société, nous devons être à la hauteur de ces combattants de la liberté.
Je terminerai par cette phrase de Missak Manouchian tirée de sa dernière lettre à son épouse « Je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. »
Je vous remercie de votre attention.”
Daniel Ballester
Maire de Valras-Plage